L’importance de la pudeur en Islam

La pudeur est une valeur primordiale en Islam, car celle-ci exerce un impact positif sur toutes les dimensions de l’être humain, non seulement au niveau vestimentaire, mais aussi dans le langage, la pensée, le regard, les relations humaines et la connaissance.
Or, depuis que le monde moderne a détruit cette valeur fondamentale, les relations humaines se sont détériorées, le rapport à la connaissance s’est transformé (négativement), les langues ont dégénéré et sont tombées dans une certaine vulgarité, les familles ont éclaté et leurs membres sont séparés par un certain gouffre et une incompréhension intergénérationnelle, les hommes cèdent plus facilement à la grossièreté et à l’obscénité, les femmes suivent aussi la même tendance, et les valeurs subissent une inversion radicale, où la noblesse du comportement cède du terrain à la vilénie et à l’indécence.

Cette indécence conduit même vers une course effrénée à la stupidité la plus affligeante, notamment à travers des émissions télévisées où les objectifs sont consternants : éclater des pastèques avec sa tête (ce qui est dangereux pour la santé en plus de constituer un gaspillage d’aliments précieux qui auraient pu servir à subvenir aux besoins des pauvres), se faire lécher des parties du corps, lécher des poignées de porte, se faire lécher des parties génitales, – ou pire encore ! – par des animaux. Outre le gaspillage, cette absence de dignité et d’intelligence est portée à la vue de tous, touchant potentiellement des centaines de millions de personnes ! Comment peut-on y voir, objectivement, dans tout cela, une “évolution” au sens positif, là où il ne s’agit en réalité que d’une involution, impliquant une perte de dignité, de pudeur, de décence, d’intelligence et de préservation de nos précieuses ressources !

La pudeur est justement un signe de civilisation au sein d’une nation.

Comme le disait Ariane Bilheran (docteure en psychologie clinique et psychopathologie) dans son ouvrage “L’imposture des droits sexuels – Ou la loi du pédophile au service du totalitarisme mondial” (édition de juillet 2017, p. 53) : « L’éducation consiste à réprimer ses pulsions primaires pour les sublimer, et non à les encourager (…).
En « éduquant sexuellement » les enfants et les adolescents, en ne respectant pas leur immaturité sexuelle et leur pudeur (dont le philosophe Hegel disait qu’il s’agissait d’un marqueur essentiel de civilisation, puisque c’est la pudeur, par le vêtement, qui fait sortir l’humain de son animalité), on leur inflige un véritable traumatisme. Ceci n’a rien à voir avec de la prévention, ce n’est qu’utiliser la prévention en prétexte pervers pour faire passer des idéologies ».

La nudité bestiale, pour les êtres encore trop enracinés dans le monde matériel (dans la société de consommation de masse) ou psychique (comme dans les mouvements new-âge), ne doit pas être confondu avec la nudité primordiale, enracinée dans la spiritualité, et qui n’est pas au service des mauvaises pulsions ou des rapports hypocrites et superficiels. La pudeur est une valeur très importante en islam, et qui doit se traduire non seulement à travers des vêtements pudiques pour les hommes et les femmes, mais aussi à travers les idées, le langage, l’attitude corporelle, le vocabulaire, le regard, la façon de se positionner, etc.

Allâh dans le Qur’ân nous rappelle l’importance de la pudeur et de la piété : « Ô enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. – Mais le vêtement de la piété voilà qui est meilleur. – C’est un des signes (de la puissance) d’Allâh. Afin qu’ils se rappellent. Ô enfants d’Adam! Que le Diable ne vous tente point, comme il a fait sortir du Paradis vos père et mère, leur arrachant leur vêtement pour leur rendre visibles leurs nudités. Il vous voit, lui et ses suppôts, d’où vous ne les voyez pas. Nous avons désigné les diables pour alliés à ceux qui ne croient point, et quand ceux-ci commettent une turpitude, ils disent : « C’est une coutume léguée par nos ancêtres et prescrite par Allâh ». Dis : « [Non,] Allâh ne commande point la turpitude. Direz-vous contre Allâh ce que vous ne savez pas? » » (Qur’ân 7, 26-28).

« Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allâh est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines ; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allâh, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès » (Qur’ân 24, 30-31).

« Et quant aux femmes atteintes par la ménopause qui n’espèrent plus le mariage, nul reproche à elles d’enlever leurs vêtements [de sortie], sans cependant exhiber leurs atours et si elles cherchent la chasteté c’est mieux pour elles. Allâh est Audient et Omniscient » (Qur’ân 24, 60).

An-Nawawi a dit dans son “Riad As-Salihin” (p.317) :
« Les savants ont dit que la pudeur dans toute sa réalité est un caractère qui incite à délaisser ce qui est vil et empêche de manquer à ses devoirs envers tout être qui a droits envers soi.
Il nous a été rapporté d’après Abû Al-Qasim Al-Junayd :
« La pudeur, c’est reconnaître les bienfaits divins et reconnaître que l’on ne remercie pas assez Allah pour cela.
Ces deux reconnaissances font naître un sentiment qui n’est autre que la pudeur » ».

Ibn al-Qayyîm rapporte dans son “Madarîj al-Salikîn” ces propos du salaf Fudayl Ibn ‘Iyyâd :

Al-Fudayl ibn ‘Iyad a dit :
« Cinq choses sont des signes indiquant un destin malheureux :
la dureté du coeur,
la sécheresse des yeux,
le peu de pudeur,
le désir ardent d’acquérir les biens de ce bas monde,
et l’assurance de jouir d’une longue vie ».

Tout comme Allâh exhorte les hommes à faire preuve de pudeur et de piété, Il est demandé aux femmes de s’en tenir également à ces nobles valeurs. Allâh dit : « Ô Prophète! Quand les croyantes viennent te prêter serment d’allégeance, [et en jurent] qu’elles n’associeront rien à Allâh, qu’elles ne voleront pas, qu’elles ne se livreront pas à l’adultère, qu’elles ne tueront pas leurs propres enfants, qu’elles ne commettront aucune infamie ni avec leurs mains ni avec leurs pieds et qu’elles ne désobéiront pas en ce qui est convenable, alors reçois leur serment d’allégeance, et implore d’Allâh le pardon pour elles. Allâh est certes, Pardonneur et Très Miséricordieux » (Qur’ân 60, 12). L’acte d’allégeance est à la fois un acte religieux, politique, morale et social dans ce contexte. Ainsi, dans tous les domaines de la vie humaine, la pudeur et la piété sont des qualités dont doivent se parer tout musulman (homme et femme).

Rappelons aussi à ce titre, plusieurs ahadiths prophétiques :

« La pudeur et la foi sont liées ensemble, si l’une des deux est enlevée l’autre est enlevée » (hadîth rapporté par al-Hakim dans son “Al Mustadrak”).

« La foi est composée de plus de 70 branches.
La meilleure d’entre elles est le fait de dire : Il n’y a de divinité digne d’adoration si ce n’est Allah. La moindre d’entre elles est d’ôter un objet gênant de la route » (hadîth rapporté par Muslim et al-Bukharî dans leur Sahîh).

« La pudeur fait partie de la foi » (hadîth rapporté al-Bukharî dans leur Sahîh).

« La pudeur fait partie de la foi et la foi est au paradis. L’obscénité fait partie de la bassesse et la bassesse est dans le feu » (hadîth rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunan n°2009).

« La pudeur, dans tous ses aspects, est un bien » (hadîth rapporté par Muslim dans son Sahîh).
Comme le rapporte également une tradition relatée par ‘Aîsha : « Quelles excellentes femmes que les femmes des Ansars, la pudeur ne les empêchait pas de comprendre leur religion » (récit rapporté par Muslim dans son Sahîh).

Par rapport aux aspects vestimentaires, ceux-ci reflètent la personnalité et donc l’âme des personnes, et renvoient des signaux aux autres. Si l’habit ne fait pas toujours le moine, il possède toutefois une influence à ne pas négliger. Le policier en uniforme doit inspirer le respect et permettre aux gens de l’identifier comme tel, de même que l’imâm doit se vêtir de façon pudique et virile, pour inspirer la virilité, le respect et la piété. Des hommes et des femmes impudiques, ne feront qu’inciter les autres à les considérer de la même manière de la façon dont ils se sont vêtus. Cependant, l’Islam n’autorise pas d’insulter les hommes ou les femmes s’habillant de façon indécente, mais plutôt de baisser le regard et de s’en écarter, même si les pulsions et tentations sont grandes, et que sans éducation de l’âme, rares sont les personnes qui feront des efforts pour se contenir totalement.

Titus Burckhardt disait d’ailleurs dans “Principes et méthodes de l’art sacré” (éd. Dervy, 2011): « Si l’architecture façonne l’ambiance vitale de I’homme, l’art du vêtement façonne en quelque sorte l’homme lui-même : il n’y a rien qui influence le comportement de la plupart des hommes autant que le costume qu’ils portent » (1)

Martin Lings dans son ouvrage “Un saint soufi du XXe siècle” (éd. Points Sagesse, ré-édité en 2017) disait : « Les vêtements forment l’ambiance immédiate de l’âme humaine, ils ont un pouvoir incalculable de purification ou de corruption. Ce n’est pas sans raison, par exemple, que dans la chrétienté, les ordres religieux ont conservé, à travers les siècles, un costume qui avait été tracé et institué par une autorité spirituelle soucieuse de choisir une tenue compatible avec la vocation de celui qui la porte. En dehors de ces exemples, on peut d’ailleurs dire, d’une façon générale, que dans toutes les civilisations théocratiques, c’est-à-dire dans toutes les civilisations à l’exception de la « civilisation » moderne, le vêtement a été plus ou moins inspiré par la conscience que l’homme est le représentant de Dieu sur la terre, et ce n’est nulle part plus vrai que dans la civilisation islamique… ».

Tant que les sociétés musulmanes sont demeurées homogènes et qu’ils baignaient dans une ambiance spirituelle en dépit des dérives humaines toujours possibles, ils conservaient un mode de vie traditionnel, et ont toujours respecté cet idéal, sans s’exclure mutuellement et sans susciter des conflits interminables entre eux comme on peut l’observer aujourd’hui. Et comme l’Unité n’exclut pas la diversité, chaque ère ethnographique avait son propre code vestimentaire, toujours conforme à l’Ordre, tout en préservant leurs spécificités culturelles et pratiques.

– L’homme portait généralement un habit ample et couvrant les parties intimes et les belles formes, dans un style vestimentaire combinant pudeur, dignité, simplicité et virilité. Il est certain que ce genre de vêtement donne une prestance inégalée et une allure spirituelle adaptée à la prière et aux activités traditionnelles du quotidien. Il portait généralement un couvre-chef (voile masculin, turban, bonnet ou autre), ce qui participe à la pudeur extérieure et à le plonger dans une ambiance à la fois spirituelle et virile.

– La femme portait une tenue comportant un voile dont les formes et les couleurs variaient selon les goûts et les régions. Ce voile couvrait ces cheveux (du moins une grande partie), sa poitrine, ses cuisses, ses jambes, et ses bras. Selon les types de voile et les sensibilités de chacune, des femmes laissaient paraitre leur visage, leurs mains, leurs pieds et leurs chevilles, ou alors se voilaient intégralement. Ces différents types vestimentaires et attitudes existaient à l’époque du Prophète, et les femmes choisissaient ce qui leur convenait, selon leur degré de conscience et de piété, et selon leurs aspirations et sensibilités.

Pendant plus d’un millénaire, tout cela n’avait jamais posé de problèmes aux hommes et aux femmes, jusqu’à la période moderne.

Dans son livre “l’art de l’islam” (éd. Sindbad, 1999), Titus Burckhartdt, après avoir dit, que le corps de la femme était plus subtil, plus délicat, plus fluide et plus noble que celui de l’homme, il dit du voile : « Ce n’est pas à cause de son caractère sexuel purement physique que la femme musulmane se voile, même si cela correspond à une certaine nécessité sociale ; c’est parce que son apparence physique livre en quelque sorte son âme. L’épouse qui dévoile sa beauté à l’époux est, pour la sensibilité du musulman, une image évoquant non seulement l’ivresse sensuelle mais toute ivresse dont la vague quitte les rivages pétrifiés du monde extérieur pour s’épancher vers l’illimitation intérieure. Pour le mystique, c’est l’image par excellence de la contemplation de Dieu… », que le Prophète Muhammad (‘alayhî salât wa salâm) a exprimé par « la fraîcheur de ses yeux » (hadîth rapporté notamment par An-Nasâ’î dans ses Sunan).

En effet, le voile est essentiellement un symbole métaphysique ; il trouve son fondement dans la plus haute spiritualité. Ce n’est certes pas un hasard si dans l’art chrétien, la Vierge Marie est toujours représentée voilée. Comme dans le christianisme, dans l’Islam, la Vierge Marie est le symbole métaphysique par excellence. Jésus (‘Issa) qui est désigné dans le Coran comme le « Verbe de Dieu (kalimatu-Hu) est constamment appelé « fils de Marie », ce qui indique qu’il est le Trésor de ses entrailles.

Le Shaykh Abd Ar-Razzâq Yahya (Charles-André Gilis) parlait du symbolisme du voile dans son ouvrage “La papauté contre l’Islam” (éd. Le Turban Noir, 2007) : « Le voile symbolise le mystère, la Vérité cachée qui régit et qui oriente la Vérité extérieure ; il figure aussi la servitude, sans laquelle la Totalité ne peut être, ni réalisée initiatiquement, ni manifestée en ce monde. Marie est la « servante du Seigneur », c’est-à-dire du « Seigneur des mondes » qui est le « Seigneur des seigneurs ». Selon Ibn Arabî, la servitude est le secret du tawhîd [unicité divine], entendu comme étant la réalisation initiatique de l’Unité ; d’ autre part, le tawhîd est le secret de la servitude parfaite, car il est la source divine de l’autorité traditionnelle en ce monde. A ce double point de vue, Marie est un modèle universel. Son voile figure la soumission de la femme [à Dieu] car celle-ci, mieux que l’homme, exprime la subordination de l’homme à Dieu ».

Nous avons conscience également que la situation actuelle est des plus difficiles pour les hommes et pour les femmes, qui sont discriminés, attaqués, rabaissés, agressés ou même tués parfois simplement pour leur attachement à la pudeur vestimentaire ou comportemental, alors soyons indulgents et doux envers ceux et celles qui s’en écartent quelque peu à cause des pressions et contraintes modernes, mais incitons-les à faire preuve au moins de pudeur dans le langage, le regard et le minimum requis en terme de tenue vestimentaire.
Le Prophète Muhammad (‘alayhî salât wa salâm) a rappelé l’essentiel pour le croyant, lorsqu’il dit : « Le fils de Adam n’a pas pratiqué une chose qui est meilleure que la prière, que de réconcilier entre les gens et que le bon comportement » (hadîth rapporté par al-Bayhaqî).

Le voile n’est pas un pilier ni une condition de la foi, mais il s’agit toute de même d’une chose importante dans le cheminement spirituel (toutes les saintes musulmanes, à la fois libres et courageuses, se sont toujours accrochées à la pudeur, car c’est dans la pudeur que l’on peut se libérer des passions et des chaines esclavagistes intérieures, mentales et sociales). Le voile n’est pas une condition menant au salut, mais il reste nécessaire et utile pour se préserver de nombreux maux. Ceci étant rappelé, nous devons tous nous montrer solidaire, nous inciter mutuellement au bien et à la piété, et avancer ensemble pour améliorer les conditions de vie dans la société dans laquelle nous vivons.

Comme nous l’avons indiqué, la pudeur est un signe de la foi et constitue son perfectionnement. Cependant, la pudeur ne doit pas être confondue avec la timidité maladive qui empêche l’épanouissement personnel, l’étude des sciences utiles (religieuses, scientifiques et spirituelles), les activités sociales et professionnelles qui relèvent de la nécessité ou de l’utile, etc.

En raison de la perte de la pudeur, nombreux sont les hommes qui se plaignent de la perversion observée chez beaucoup de femmes, tout comme sont nombreuses les femmes qui se plaignent de la perversité ou de la vulgarité qu’elles constatent dans l’attitude affichée par leurs homologues masculins.

Attachons-nous donc à préserver la pudeur dans nos vies, familles et nations, et ce, dans tous les aspects, car les peuples ont péri lorsque la pudeur et l’aspiration à la Vérité et à la sagesse ont disparu, comme nous le montre clairement l’histoire.


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